Affectation des TZR : voyage en absurdie

C’est presque devenu une habitude … Et beaucoup finissent par s’habituer.
On s’étonne même au rectorat des protestations du SNES : c’est normal, c’est comme ça tous les ans !

Oui, tous les ans c’est la même histoire. Arrive juin, on se dit dans les établissements que les choses vont s’éclaircir, qu’ils vont connaître de façon définitive le nombre de leurs divisions, que les services des enseignants vont pouvoir être définis, bref que tout ce qui va permettre l’affectation des TZR va sortir de l’ombre et que tout va bien se passer.

Las, le 25 juin arrive sans que l’on sache trop où l’on en est. Il paraît qu’une division va être créée, on n’aura donc pas 32 élèves par classe. Le 30, la situation a changé : la division s’en est allée ailleurs et l’on est sommé de faire avec. Il faut dire que dans tel lycée on ne peut décemment entasser 45 élèves dans une salle de classe. Mais voilà que le 5 juillet, la situation est encore différente ! Quelques heures viennent faire cautère sur la jambe de bois. A ce stade, il faut bien qu’au rectorat on s’arrête de tricoter et de détricoter : les TZR doivent être affectés le 12 ! On prépare donc en urgence un projet d’affectation, que l’on transmettra en urgence aux représentants des personnels, lesquels vont en urgence examiner ce projet. On n’a vraiment pas idée de l’urgence ! Les dernières disciplines, mais non les moindres, nous sont transmises la veille du groupe de travail en début d’après-midi. Les commissaires paritaires vont donc travailler jusque tard dans la nuit sur ces projets, chercher des améliorations qu’ils peineront à trouver faute de matière (car tous les éléments ne nous sont pas transmis !) tout en se demandant avec angoisse à côté de quoi ils vont passer faute de temps. Et le lendemain tout le monde se retrouve dans une ambiance irréelle pour constater que la situation a encore évolué et que les heures arrivées le 5 juillet et attribuées à un TZR ont à nouveau disparu tout comme le TZR … Au soir du 12 juillet, le rideau sera tombé sur ce théâtre de l’absurde, mais on va continuer allègrement de tricoter et de détricoter jusqu’à la rentrée … Car là on n’aura plus le choix : il y aura des élèves dans les salles de classe ! Mais au passage, plus d’un TZR aura été désaffecté et réaffecté.

Certes, le rôle du TZR est de s’adapter aux besoins du service, mais encore faudrait-il que ce dernier puisse être à quelque moment être arrêté de façon fiable ! Sauf que ce n’est pas possible …
Du moins dans un cadre budgétaire qui relève fondamentalement d’une économie de rationnement. Le rectorat a son enveloppe de moyens qu’il distribue en janvier sur la base de prévisions d’effectifs et de structures restrictives afin de se réserver la possibilité d’ajuster au mois de juin. Sauf que c’est en juin que toutes les mauvaises surprises jusque-là soigneusement cachées sous le tapis se découvrent et qu’il devient manifeste que les moyens font défaut pour assurer une rentrée correcte dans les établissements. Pourtant il faudra coûte que coûte tenir l’enveloppe. Alors on compte, décompte, recompte sans cesse les heures pour y arriver, au prix de choix draconiens qui ignorent la réalité des besoins des établissements. Et chaque nouveau décompte déplace son lot de TZR … Cette période, nommée par l’administration de façon ô combien révélatrice « phase d’ajustement » est toujours une formidable leçon de choses. Passons sur le fait que les représentants des personnels soient ouvertement méprisés dans cette procédure, qu’il y ait une entrave de fait au mandat qui leur a été donné par la profession. Le mépris est plus profond, plus structurel : c’est celui qui résulte d’une politique budgétaire où l’humain, ici le TZR, en est réduit à n’être qu’une variable d’ajustement. N’importe quel enseignant attaché au service public aspire à pouvoir anticiper l’année scolaire qui vient et à préparer ce qu’il enseignera à ses élèves. Et pourtant c’est le service public lui-même qui lui dénie cette élémentaire possibilité ! Et il faudrait qu’on s’habitue à ce que cette absurdité devienne la norme …